Noma(s)

Par Pierre-Paul Zeiher | le 27 novembre 2011 | dans Billets de Jean-Michel, Tous les billets

Oui vous avez bien lu : noma avec un s. Les initiés penseront au Noma de René Redzépi à Copenhague, meilleure table de la planète. Toujours en tête des meilleurs 50 restaurants du monde. Annonce qui n’est pas de première fraîcheur (le restaurant en question était déjà au top en 2010) et qui se percute avec un autre noma, celui présenté par Jean Ziegler de passage à Strasbourg. Dans un autre registre mais avec un point commun : l’alimentation. Dans son livre (Destruction massive) l’auteur nous parle de la faim dans le monde. Et le noma est une infection due à la malnutrition et un manque d’hygiène. La gangrène s’installe progressivement dans la bouche. Très invalidante et qui peut se terminer par la mort. Un seul chiffre qui fait froid dans le dos : toutes les 5 secondes un enfant meurt  par dénutrition. Tapez « noma » sur internet les deux types de sites vous arrivent en première page. Je n’aurai pas l’outrecuidance de faire la morale à qui que ce soit. Nous n’ignorons pas que ce n’est pas en s’attaquant au premier que l’on solutionne le second. C’est un fait, qui fait mal,  d’autant que nous déposons  beaucoup dans nos poubelles…

Un « G 9 » de la gastronomie (dont le français Michel BRAS) s’est constitué autour de jeunes chefs scandinaves (dont René Redzépi) en pleine ascension médiatique en place des cuisiniers espagnoles. Le Monde magazine nous rapporte leur credo : « Nous rêvons d’un avenir dans lequel le chef serait un acteur engagé, conscient de ses responsabilités pour une société juste et équitable. Encourageons la pratique d’une production durable, dans les champs comme dans les cuisines ». Et le magazine de conclure : « Conscience de l’environnement…responsabilité sociale et terrienne : voila le mot d’ordre de la nouvelle cuisine mondiale ». « L’alimentation peut changer le monde » titrait le New York Times, début octobre. Chiche ! Plus que jamais le cuisinier est architecte de la cité.